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Rosiers Une évolution dans les usages

Variétés résistantes aux maladies, faciles d’entretien, résistantes à la sécheresse… le rosier possède plusieurs atouts pour convaincre les consommateurs, à condition de travailler sur son image. ©Léna Hespel

Incontournables de l’horticulture ornementale, le rosier et sa fleur étaient au cœur du projet de recherche RosesMonde dont les principaux résultats étaient présentés les 9 et 10 mars à Paris.

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Parle-t-on de roses ou de rosiers ? Est-ce une production de masse ou un marché de niche ? Quelles évolutions dans les usages au cours du siècle écoulé ? Quelle sont les influences sur la création variétales ? Toutes ces questions ont été abordées lors du colloque « Les mondes de la rose : regards croisés » organisé par la Société nationale d’horticulture de France (SNHF) les 9 et 10 mars 2020.

Les chercheurs du programme de recherche interdisciplinaire RosesMonde (2016-2020), financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR), ont développé pendant ces deux jours différents aspects de la dynamique de création variétale dans l’univers de la rose.

Evolution du marché et de la sélection

Au début du 20ème siècle, les rosiers étaient divisés en trois grandes catégories : les rosiers classés dans les groupes horticoles, majoritaires dans les collections et les catalogues de pépiniéristes, utilisés pour l’ornement dans les jardins et pour la production de fleurs coupées ; les rosiers sarmenteux, réservés aux jardins ; et les variétés de collections. Les critères de sélection se concentraient alors essentiellement sur la fleur (double, de grande taille, de forme régulière…) et la floraison.

A partir de 1950, différents changements vont modifier ce marché. De grandes avancées sont faites en génétique, physiologie et biologie moléculaire et les infrastructures de transport se développent. Et après les années 1970, l’énergie devient chère en Europe et produire sous serre va devenir très couteux. Petit à petit, une partie de la production sera déplacée vers les pays tropicaux, au climat idéal pour produire des roses coupées toute l’année à bas coût. Les objectifs de sélections vont donc changer pour les roses fleurs coupées, mais ils changent aussi pour les autres rosiers, en fonction des usages.

Pour Caroline Widehem, maîtresse de conférence en économie à Agrocampus Ouest à Angers, la production de roses et rosiers semble aujourd’hui scindée en 5 modèles aux stratégies différentes :

-Le marché de la fleur coupée ;

-Le marché des rosiers de jardins, dominé par les jardineries ;

-Le marché du rosier paysager ;

-Le marché du mini rosier, plante en pot d’intérieur ;

-Le marché du rosier de prestige.

Pour les fleurs coupées, les critères de sélection sont la productivité, la tenue en vase, une longue tige, une fleur unique… Concernant les autres marchés, les critères peuvent varier mais l’un des critères principaux est la résistance aux maladies.

Parmi les autres sujets abordés lors du colloque : la protection de l’obtention, la diversité génétique des rosiers, les concours et compétitions internationales de roses, mais aussi la production et la commercialisation de fleurs coupées en France.*

Le colloque s’est clôturé par une table ronde autour des obtenteurs.

Les rosiers du futur ?

Plusieurs obtenteurs étaient invités à s’exprimer sur le sujet de la création variétale : Jacques Mouchotte, ancien directeur de recherche aux Ets Meilland ; Jérôme Rateau, de l’entreprise André Eve ; Mariannick Bouchaud, responsable création variétale rosier chez Georges Delbard et Martin Vissers, obtenteur indépendant.

Si tous s’accordent à dire que le critère de sélection principal est la résistance aux maladies, les autres critères diffèrent selon les sociétés. Le credo de Martin Vissers est par exemple des roses simples à l’entretien.

Mais, malgré les efforts des obtenteurs pour proposer des gammes variées et faciles, le rosier garde une mauvaise image. Et ce qui gène souvent, c’est le mot rosier en lui-même. « J’essaye de ne pas prononcer le mot rosier quand j’en vends, ironise Dominique Douart, président de la SNHF. Il faut aussi travailler sur l’image et convaincre les architectes paysagistes concepteurs de remettre des roses dans leurs plans de jardin ».

D’autant que cette plante présente de nombreux avantages. Outre les variétés résistantes aux maladies et faciles d’entretien, comme les rosiers paysages, le rosier semble posséder une certaine résistance à la sécheresse.

Léna Hespel

*Les présentations ont été filmées et seront prochainement mises en ligne sur le site de l’université Bordeaux Montaigne.

Un dossier sur les évolutions du marché des rosiers est à venir dans un prochain numéro du Lien Horticole.

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